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  • Voler les poutres, échanger les piliers, sans que la maison ne bouge, 2008
  • Bérengère Lévêque, 2007
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    texte de présentation de l’exposition
    « Parler ne fait pas cuire le riz »

    Galerie Le Radar, Bayeux, août 2007.
    Bérengère Lévêque.

     

    En 1928, dans son Propos sur le bonheur, Alain Chartier écrivait que « l’oisiveté est la mère de tous les vices mais de toutes les vertus, aussi ». Cette citation est imprégnée dans la mémoire collective mais elle est généralement tronquée de sa dernière sentence. On a, en effet, oublié que l’oisiveté est mère de toutes les vertus et c’est bien ce que semble nous rappeler Jérémy Laffon à travers son œuvre. Diplômé de l’Ecole des Beaux Arts de Marseille, sa recherche plastique, au départ exclusivement picturale et poétique, s’oriente progressivement vers d’autres médiums comme la gravure, la photographie, la performance ainsi que la vidéo.
    Intégrer la création au sein de la vie est un concept auquel est attaché l’artiste : dans Symphonie # 1, il investit les lieux urbains et transforme le passant anonyme en acteur malgré lui, voire même en créateur. L’artiste vient alors nous extraire, nous sortir d’une habitude, transforme notre manière d’agir et d’évoluer dans cet espace au demeurant si familier. Les choses et les actes sont vus sous un autre angle. Cet acte de délégation implique une mise en péril de l’œuvre et induit la plupart du temps un résultat incertain. L’artiste prend ainsi le risque d’être confronté à un « non-événement » et de perdre toute maîtrise dans l’acte de création. C’est ainsi que dans la banalité et le quotidien du monde, il expérimente et puise son art.
    L’oisiveté et la flânerie sont donc pour Jérémy Laffon des sources inépuisables d’inspiration. Paradoxalement ce sont elles qui font naître, surgir le besoin d’agir et l’envie d’action. Il travaille la légèreté, le désœuvrement comme le dérisoire d’où la difficulté d’être considéré, d’être crédible en tant qu’artiste « anti-productif », en tant que manipulateur. Une position parfois insoutenable, mais quelle euphorie de pouvoir créer avec peu, avec comme il le dit lui-même des idées « minables ».
    La manière dont se positionne Jérémy Laffon est atypique. Il se définit volontiers comme un usurpateur, et se glisse avec bonheur dans la peau de l’intrus, du parasite. Le spectateur pourra ainsi se confronter au burlesque, au cynisme, à l’humour de certaines performances et vidéos, où le statut de l’artiste est remis en question, où la crédibilité de son art est interrogée. Issu d’un milieu ouvrier et paysan, cette attitude désinvolte envers son métier d’artiste et l’acte de création, lui permet de déculpabiliser face à son héritage social. Jérémy Laffon ne se prend tout simplement pas au sérieux. Il s’accomplit dans la création. Et le fait d’éprouver physiquement, de ressentir le labeur d’une partie de ces interventions lui offre la possibilité de compenser les moments d’oisiveté et de contemplation, à l’origine de son œuvre.